Les photos de Sophie Spandonis : l’objet change selon qu’on le campe au plus près de son visage, de son obturateur ou de son catalogue. Comptent notamment son étrange passion pour le Japon, ses balades lettristes au cimetière, son exploration des personnes, le cas qu’elle fait des transparences, cette trace des lueurs de la nuit. Ou encore son autoportrait à l’appareil photo, dont la vocation d’icône saute aux yeux. Toutes ces galeries, malgré leurs airs d’aléas récoltés au gré des voyages, respirent la composition éprise d’elle-même. Les choses se tiennent, et elles sont toutes visibles. Or s’il fallait s’y faufiler par une porte unique en la croyant dérobée, l’invitation s’adresserait en premier aux amateurs de jeux d’échelles. Ce n’est pas seulement que Sophie Spandonis aime les jouets, moins à force de plaindre l’enfant sans jouet que d’évoquer le jouet sans enfant. C’est surtout que le mariage instable du petit et du normal, qui chez d’autres ne donne que le monstrueux, se décline chez elle en appel au signe. Les écritures, y compris les écritures incompréhensibles, sont les indices d’un réel où figures humaines et structures urbaines se gavent ensemble de signifiants. Les calligraphes apprécieront, même si cela donne à terme de l’art dramatique. Théâtre des pantins et des gens, théâtre des espaces modernes : allez voir les photos de Sophie Spandonis, tandis qu’elle pose un instant l’appareil sur ses genoux amoureux d’argentique !
Esteban Buch
1 commentaire:
ce sont effectivement de très belles photos
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