13.4.06

El aura


J’ai vu récemment cette chose : El Aura, de Fabián Bielinsky, avec Ricardo Darín. Un film argentin noir ou plutôt vert de gris. Esteban, un taxidermiste que tuer des animaux répugne, abat en pleine forêt, au lieu d’un cerf, un gangster au nom allemand suspect, tyran d’une jeune femme. Les amis de celui-ci l’entraînent dans une improbable histoire de braquage qu’achève un filet de sang suintant sous la porte d’un fourgon perdu entre les arbres. Mais l’histoire n’est pas importante pour moi. C’est l’aura qui l’est. Pas celle des œuvres d’art, ni celle des saints. Celle du taxidermiste avant la crise d’épilepsie, ce moment où les choses brillent d’un éclat singulier avant l’effondrement, cette fête de l’expérience sensible où, paraît-il, le monde s’emplit d’une sonorité qui ne ressemble à aucune musique. Apparition unique d’un lointain, si proche soit-il. Mais ce n’est pas le plus important pour moi. C’est le lieu qui l’est : la forêt en question c’est la mienne, en Patagonie, près de la frontière chilienne, à dix kilomètres de l’endroit où j’ai grandi. Je connais bien ces arbres. Il m’est même arrivé de dormir dans l’une des cabanes que l’on voit dans le film, refaite pour le tournage par une amie, Mercedes Alfonsín. A la fin, c’est de là que s’échappe la jeune femme. Le son lointain vient de là-bas : Der ferne Klang.

Esteban Buch

1 commentaire:

Troisième Epicure a dit…

C'est vrai qu'elle est belle cette forêt. Moi, j'ai aimé le chien, celui qu'il finit par emporter, la seule chose qui lui reste de toute cette histoire. Je l'ai aimé parce que j'y ai vu un sens : tout le film raconte en fait comment un homme ne peut s'empêcher, mais finalement échoue, et essaie de nouveau de domestiquer ses pulsions (pulsion de mort, taxidermiste, etc.). Mais peut-être que je l'ai aimé aussi parce qu'il est beau, ce chien. Et j'ai aimé les gangsters aussi, parce qu'ils ont l'air noble et d'avoir un code de l'honneur auquel on croit, comme le héros, qui se trompe. Et parce que ce sont finalement des salauds.
Naïri