10.4.06

Romanzo criminale


Il n’est pas toujours facile de dire pourquoi un film ne semble pas bon, et parfois cette difficulté peut même constituer l’un de ses attraits mineurs. Il s’agit de percevoir son ambiguïté, c’est-à-dire sa manière de se tenir à cheval sur la pertinence du propos, de l’approche, du style, et un je ne sais quoi de putassier qui, sans nécessairement ôter les charmes du tout, le rehaussant peut-être même aux yeux de certains, empêche qu’on se dire que c’est un bon film. Ici, un groupe de jeunes gangsters veut « prendre Rome », et remplacer les vieilles mafias en place de manière à devenir les nouveaux partenaires des « oncles siciliens » pour le trafic de l’héroïne. Par ce biais, les Brigades rouges, les manipulations occultes par l’État qui, on le sait bien, pilote l’ensemble en sous-main, la mafia, les attentats fascistes, sont évoquées en une sorte de digest courant sur l’ensemble des années 70-80 ; ça aurait pu être bien. Il y a évidemment aussi la pute aimant qu’on la traite en dame, le beau bandit qui tombe amoureux d’une pure jeunette férue d’art et un peu intello : les contrastes classiques du film de genre constituent l’horizon de ces JHTSV, jeunes hommes ténébreux et stupidement violents, dont on peut se demander en quoi ils ont pu intéresser le complaisant metteur en scène (pourtant pas mauvais a priori, il avait réalisé un très bon Les amies de cœur avec lui-même et Asia Argento). Mon hypothèse : l’ensemble du film n’est qu’un prétexte servant à mettre en scène un petit gag, qui a dû être le moteur de l’ensemble. Voici : le policier en charge de l’affaire fait dans un moment d’égarement métaprofessionnel un passage actif dans le lit de la pute, et, après que celle-ci soit partie rejoindre ses gangsters d’amis, qui ont décidé de lui offrir un bordel, lui glisse un chèque dans le miroir de sa coiffeuse. Ah oui, l’idée du flic qui paye sa pute par chèque avec nom, signature et adresse bancaire, fallait y penser ! -(ps pour ceux que ça intéresse : elle n'encaissera jamais le chèque). On peut saluer l'artiste.
Max Marcuzzi

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