21.2.06

PROMENADE AU LOUVRE 3


Entre 1578 et 1588, Tintoret, Véronèse, Francesco Bassano, Palma le Jeune et Zuccaro sont les protagonistes d’une épopée artistique dont l’enjeu est autant esthétique que politique : obtenir, à l’issue du concours organisé par le gouvernement vénitien, de peindre le Couronnement de la Vierge, dit aussi Le Paradis, au-dessus de la tribune du doge dans la salle du Grand Conseil du palais ducal de Venise. De cet événement capital pour l’histoire de l’art, il reste de nombreux témoignages qui constituent un véritable instantané de la situation artistique de la République lagunaire dans les années 1580 et une éclatante leçon sur les techniques des grands maîtres vénitiens.


Aucun dessin ne m´arrêta dans la marche. Je restai là, appréciant davantage la disposition en demi-cercle des dessins présentés que les traits de chacun d´eux. L´aspect des gens regardant les esquisses avaient plus d´effet sur moi que les dessins eux-mêmes, ainsi cette femme qui restera hors-cadre et que je verrai en entrant dans la salle.


Au moment de prendre la première photo, je ressentis la pudeur qui allait m´empêcher de trouver mon agrément. Celle-ci me rappela ce que j´avais lu peu de temps avant : le futur est l´espace. Je ne pouvais coïncider avec l´idée de Paradis.

Je voulais quelque chose de plus érotique.

Dessins traits peu convaincants, ne sachant pas s´effacer



— juste indiquer le lieu :
le trait est lisière—
coupant vers l´extérieur et ouvrant vers l´aspect, ici des corps, celui-ci : homme assis vu de dos… le moins qu´on puisse dire est que les lignes trop bavardes empêchent le regard d´y séjourner. ( Il faudrait donner un contre-exemple, Rubens )


ayant déjà vu ailleurs
ce qu´ici paraît différer sa présence. Je m´ennuie


pas d´écho
où puisse se créer
l´amont de l´œuvre

(est éros) porter hors de soi l´attrait

irruption d´un dessin,
l´étonnement avec quoi tout ( ou presque ) commence, en vérité
aussi bien alétheia

dévoilement
(il faudrait donner un exemple )

Quand nous parlons du dessin nous donnons priorité à une expérience que nous avons appris à appeler esthétique et qui consiste à entendre une œuvre à partir de sa réception, soit de la somme des sensations <aisthésis> et perceptions censées témoigner d’autre chose que d'elle-même, altérité feinte qui cache et dit tout fort : l’art. Ici le dessin serait l’esclave d’un moyen et l’art un savoir-faire <tékhne>, un moyen pour arriver à l’autre que lui-même, au fond, à l’idée, à la notion, à l’invisible

<poiesis> est déclassé, esclave d’un moyen, le produire et le faire, l’art de faire — ni trait, ni contour, ni coupe sont vus comme frayage

mais où doit-on chercher l’autre-que-lui-même si ce n’est dans le dessin même ?
Qu’est-ce qu’un trait sinon son empreinte—


EMPREINTE, subst. fém.
A. Marque, forme laissée par la pression d'un corps sur une surface. Empreintes de pas sur le sable; laisser des empreintes. Synon. impression (vx), trace.
— Proust : « Seule l’impression ; si chétive qu’en semble la matière, si insaisissable la trace, est un critérium de vérité ; et à cause de cela mérite seule d’être appréhendé par l’esprit, car elle est seule capable ; s’il sait en dégager cette vérité ; de l’amener à une plus grande perfection et de lui donner une pure joie. »




Il est à parier que sans ce lieu qui accompagne les attouchements d’un couple, au dessin lui serait épargné sa provenance.
Actéon

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